C’est à la lecture du livre « La planète des Singes » de Pierre Boule que j’ai été confronté pour la première fois à la notion des neuf cercles de l’enfer développée par Dante Alighieri dans La Divine Comédie. La partie « Enfer » fascina le XIXème siècle et notamment Rodin pour la réalisation de La Porte de l’Enfer.
Cette oeuvre constituera donc le premier axe de réflexion de l’installation Par une laide nuit, advinrent des filous et des ruffians qui tentèrent d’enlever le magot. Au fil des pages de La Divine Comédie, on croise aux côtés de Dante de nombreux gardiens et guides qui constituent autant de créatures fantastiques et infernales avec qui on nouera parfois conversation. Ainsi croise-t-on Cerbère, Charon, les géants Nemrod, Éphialte et Briarée et des centaines d’autres personnages empruntant aux mythologies grecque et romaine, à la Bible et à l’Énéide de Virgile. Ce texte érudit invite au voyage vers le monde aveugle dont on ne pourra entrevoir qu’un bref épisode dans l’exposition qui nous occupe ici.
Les scènes de vol d’œuvre d’art constituent quasiment un genre cinématographique en soi, tant elles sont fréquentes et tant elles utilisent encore et encore les mêmes ressorts scénaristiques. On peut penser à la série de films The Pink Panther de Blake Edwards, dans laquelle le diamant de la panthère rose n’a de cesse d’être prêté aux plus grands musées et aussitôt d’être à chaque fois dérobé. D’autres traitent de vols plus mythiques, comme On a volé la Joconde de Michel Deville. Dans chacun de ces films, les systèmes les plus sophistiqués sont élaborés pour retirer toute envie au voleur de s’accaparer tel ou tel trésor. Que ce soit les faisceaux laser, les grilles qui se dressent en un clin d’œil, les gardes féroces, rien n’arrête l’avidité du cambrioleur de grande classe. La mise en scène de l’installation Par une laide nuit, advinrent des filous et des ruffians qui tentèrent d’enlever le magot reprendra certains codes de ces scènes classiques, et tout visiteur avisé saura débusquer un certain nombre de gemmes secrètement dissimulées ici ou là.
Afin d’accentuer la fonction narrative de l’installation et de créer une chronologie d’événements, certains éléments seront mis en mouvement au moyen de moteurs électriques. À d’autres moments, des éclairages robotisés seront activés. L’ensemble suivra un programme scénarisé qui modifiera la perception spatio-temporelle du spectateur suivant le moment où il pénètrera dans l’installation. Ainsi deux visiteurs ne vivront pas nécessairement le même moment en traversant Par une laide nuit, advinrent des filous et des ruffians qui tentèrent d’enlever le magot.
jst