Baoum*
Trou/ Peinture/ Gravas/
Fondation Berthe de Boissieux/ Grenoble/ 2004/

L’image ci-en face est l’œuvre de quatre guénettes : Julien Valentin, Hugo Exbrayat, Tony Delattre et moi-même. Le vendredi 26 mars 2004, ces quatre affreux décident de manquer un voyage pour Bacon à Bâle afin d’accomplir un acte qui les chatouillait depuis quelque temps. Des camarades et une équipe enseignante sans ambition, chaperonnés par un directeur castrateur et carriériste formait un cocktail explosif, qu’il suffisait d’agiter.

Notre tentative d’évasion échouera cependant. Après 48h de frappe à la hache, dans une école décidément sourde, nous tombons sur un entre-mur. D’un côté l’ancienne façade, de l’autre un parpaing impeccable. Et déjà nous nous hâtons de tout préparer, car c’est demain que sera mis au jour notre fabuleuse découverte.

La réaction que nous attendions, nous l’avons prise en pleine poire. Nous avions inconsciemment offert le plus affreux des cadeaux d’anniversaire, à notre cher directeur (né malencontreusement un Ier avril). Nous n’ avons entendu que ses cris. Il n’a pas voulu nous voir durant trois jours. D’anonymes guénettes (l’école est pourtant petite), nous sommes devenus les personnes à éviter. Il tentera cependant de nous virer le bougre.

La salle de deuxième année, quant à elle, n’aura jamais vu un tel défilé d’anciens élèves, d’élèves, de personnels. Tous nous félicitent. Merci, merci deux fois, mais le message est aussi adressé à vous.

À un certain type de gens que nous avons nommés les mouille-culs. Plus tard, nous découvrirons que cette race infâme a déjà envahi la Fronce. Elle se manifeste par les assurances, la bureaucratie, les “Désolé mais avec tout ce qui arrive aujourd’hui, je ne peux pas prendre le risque. Et si je vous dis oui, à vous. Je devrais dire oui à tout le monde ensuite.”, le désengagement.

L’histoire finit plutôt bien, si nous rebouchons le mur, nous ne sommes pas virés. “C’était prévu monsieur le directeur”, annoncèrent-ils en chœur d’une voix mielleuse.

Ayant ainsi renoncé à l’annotation “Virés de l’ESAG, en 2004” sur nos biographies, nous apprîmes la maçonnerie.

Mais tout de même, quel beau baptême, Baoum va paraître dans Beaux-Arts Magazine, sera soutenu par Claude Lévêque, en visite à ce moment-là à l’école...

...un certain parfum de gloire.

Déjà un an que tout cela s’est passé, et rien n’a changé à l’école. Seules quatre guénettes s’évertuent à faire ce qu’ils aiment. C’est à dire à rire bien goulûment du haut de leur piedéstal en regardant cette masse infecte se débattre dans son cacao.

JST